Vous, berges et pentes de l'aimable Doon,
Comment pouvez-vous vous couvrir de fleurs si fraîches et si jolies ?
Et vous, comment pouvez-vous chanter, petits oiseaux,
Et moi, si las, rempli de soucis !
Tu me briseras le cœur, tu le briseras, oiseau gazouilleur
Qui folâtres parmi l'épine fleurie,
Tu me rappelles des joies enfuies,
Enfuies pour ne jamais revenir.
Pourquoi êtes-vous si joliment vêtues
de fleurs, vallée et pré?
Pourquoi chantez-vous, oiseaux,
tandis que je verse des larmes?
Vos plaisantes chansons
me briseront le coeur
en me parlant d'un temps heureux
qui ne reviendra jamais plus.
Souvent j'ai erré le long de l'aimable Doon
Pour voir de la rose et le chèvrefeuille s'enchevêtrer :
Et chaque oiseau chantait son amour
Et moi, avec délice, sur le mien.
Le coeur léger, j'ai cueilli une rose,
Si douce sur sa branche épineuse !
Mais mon amant déloyal a volé ma rose,
Mais hélas! il m'a laissé l'épine.
A l'aube ou le soir
j'aimais venir au bord de la rivière,
en chantonnant mon amour
comme le rossignol ou l'alouette.
Sous les arbres, toujours joyeux,
je cueillais des fleurs extraordinaires.
Hélas, me voilà abandonnée
et toute déchirée par le chagrin.