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À voix basse lyrics
À voix basse lyrics
turnover time:2024-11-01 00:36:55
À voix basse lyrics

J’ai un bien étrange pouvoir

Mais n’est-ce pas une malédiction ?

Cela a commencé un soir,

J’avais à peine l’âge de raison.

J’étais plongée dans un roman

De la bibliothèque rose,

Quand j’ai vu qu’il y avait des gens

avec moi dans la chambre close.

Qui donc pouvaient être ces gosses,

Cette invasion de petites filles ?

Que me voulaient ces Carabosse

Qui leur tenaient lieu de famille ?

J’ai vite compris à leurs manières,

À leurs habits d’un autre temps

Que ces visiteurs de mystère

Étaient sortis de mon roman.

Refrain :

Ils jacassent

À voix basse

Dès que j’ouvre mon bouquin.

Je délivre

De leurs livres

Des héros ou des vauriens

Qui surgissent,

M’envahissent,

Se vautrent sur mes coussins.

Qui s’étalent

Et déballent

Linges sales et chagrins.

Ils me choquent,

M’interloquent

Et me prennent à témoin,

De leurs vices,

Leurs malices,

De leurs drôles de destins.

Mauvais rêve

Qui s’achève

Dès que je lis le mot « fin ».

À voix basse,

Ils s’effacent

Quand je ferme le bouquin.

À voix basse,

Ils s’effacent

Quand je ferme le bouquin.

Depuis, dès que mes yeux se posent

Entre les lignes, entre les pages,

Mêmes effets et mêmes causes,

Je fais surgir les personnages.

Pour mon malheur, je lis beaucoup

Et c’est risqué, je le sais bien.

Mes hôtes peuvent aussi être fous

Ou dangereux, ou assassins.

J’ai fui devant des créatures,

Repoussé quelques décadents.

Échappée de peu aux morsures

D’un vieux Roumain extravagant.

J’évite de lire tant qu’à faire

Les dépravés et les malades.

Les histoires de serial killers,

Les œuvres du marquis de Sade.

Refrain

N’importe quoi qui est imprimé

Me saute aux yeux littéralement.

Et l’histoire devient insensée

Car je n’lis pas que des romans !

Ainsi, j’ai subi les caprices

D’un apollon de prospectus.

J’ai même rencontré les trois Suisses

Et le caissier des emprunts russes.

Un article du code pénal

Poilu comme une moisissure.

S’est comporté comme un vandale

Se soulageant dans mes chaussures.

Ce démon qui vient de filer,

Ça n’serait pas, je me l’demande,

Un genre de verbe irrégulier,

Sorti d’une grammaire allemande ?!

Je pourrais bien cesser de lire

Pour qu’ils cessent de me hanter.

Brûler mes livres pour finir

Dans un glorieux autodafé.

Mais j’aime trop comme un opium

Ce rendez-vous de chaque nuit.

Ces mots qui deviennent des hommes,

Loin de ce monde qui m’ennuie.

Malgré les monstres et les bizarres

Je me suis fait quelques amis.

Alors j’ouvre une page au hasard

D’un livre usé que je relis.

Et puis, j’attends, je dois l’avouer,

Au coin d’un chapitre émouvant,

Que vienne, d’un prince ou d’une fée,

Un amour comme dans les romans,

Comme dans les romans.

À voix basse,

Qu’il me fasse

Oublier tous mes chagrins.

Qu’il susurre,

Doux murmures,

Des toujours et des demain.

Qu’il m’embrasse,

Qu’il m’enlace

Et quand viendra le mot « fin »,

Je promets

De n’jamais

Plus refermer le bouquin.

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