Va, pensée, sur tes ailes dorées ;
Va, pose-toi sur les pentes, sur les collines,
Où embaument, tièdes et suaves,
Les douces brises du sol natal !
Salue les rives du Jourdain,
Les tours abattues de Sion ...
Oh ma patrie si belle que j'ai perdue !
Ô souvenir si cher et si fatal !
Harpe d'or des devins fatidiques,
Pourquoi pends-tu, muette, aux branches du saule ?
Ranime dans nos cœurs les souvenirs,
Parle-nous du temps passé !
Ou bien, similaires au destin de Solime1
Fais entendre quelques tristes complaintes,
Sinon, que le Seigneur t'inspire une harmonie
Qui nous donne le courage de supporter nos souffrances !
1. Les principales particularités lexicales du "Va, pensiero" tiennent à la présence de termes de registre soutenu. Ainsi, Solime, qui est la dénomination grecque de l'ancienne ville sacrée, est utilisé de préférence à Jérusalem qui indique la ville fortifiée.