Tous les passants s'en sont allés,
Plus rapides que la mémoire
Ecrire un petit bout d'histoire,
Les uns debout, d'autres couchés.
Certains sont entrés dans l'histoire
Sans avoir eu le temps d'y croire,
Pas même le temps d'y songer.
Tous les passants s'en sont allés,
Jean de Flandre et Jean de Navarre
Qui voulaient la mer à boire.
La mer, je crois, les a gardés.
Le petit John des Amériques
Devenu John le magnifique,
La gloire ne l'a pas épargné.
Tous les passants s'en sont allés.
Ceux qui buvaient à la fontaine
Ont maintenant leur cave pleine
De vins aux noms ensoleillés.
Ceux qui voulaient gagner des guerres,
La guerre a du les décimer.
Tous les passants s'en sont allés
Mais toi, plus têtue que la pierre,
Tu n'as pas quitté la rivière
Ni la colline aux fleurs de Mai.
Tu gardes le feu et la table,
La rose et le sirop d'érable,
Comme au temps des très lourds secrets.
Tous les passants s'en sont allés.
Au lieu de leurs vingt ans superbes
Sur lesquels a repoussé l'herbe,
Je ne sais s'ils s'arrêteraient.
Moi, je vois couler l'eau profonde
Sans m'y pencher une seconde.
J'ai peur d'y voir ce que j'étais.
Tous les passants s'en sont allés,
Jean de Flandre, Jean de Navarre,
Le petit John des Amériques,
Tous les passants s'en sont allés...