Je t'envoie un million de baisers de ma bouche.
Je t'envoie ma lettre de démission de tout ce qui n'est pas toi.
Je t'envoie des cordées d'anges dans leurs paniers.
Je t'envoie la luxure de mes pensées, je t'envoie un petit baiser
Et cent mille regrets de ne pouvoir te le porter en personne.
Je t'envoie un poème et une chandelle et une soubrette
Et l'ivresse des jours enchainés.
Je t'envoie Paris via la Sibérie en Fedex,
Les ponts et le tournis et la lumière mourante des réverbères.
Je t'envoie le monde tout entier, la nuit partie vers l'Asie
Et la Terre entière sous sa cloche d'hiver
Et l'étoile qui passe, et l'étoile qui passe.
Je t'envoie une carte d'anniversaire car je n'ai plus vingt ans
Et que mon cœur se serre comme si jamais plus je ne devais être aimé
Par toi comme avant, par toi comme avant.
Je t'envoie mes jours perdus, pendus.
Le bon Dieu l'a-t-il donné, ce temps, ou bien plutôt prêté ou vendu ?
Je t'envoie des fenêtres brisées par les oiseaux dans ma poitrine,
Un petit moineau pour que tu le câlines.
Je t'envoie mes compliments pour la petite sauterie du théâtre
Mais je ne t'en veux pas, oh non, pas à toi, non, pas à toi.
Je t'envoie mon cœur, je le porte aujourd'hui sous un pull-over rouge
Et je pense qu'il devrait très bien t'aller.
Mais tu sais que le seul type que je déteste assez
Au point de lui tirer dessus, c'est moi-même.
Alors ne t'en fais pas, je serai là demain, cinq heures cinquante.
Roissy, terminal 2B, cinq heures cinquante, tapantes.