Père Jean-Mathieu, disait la Marie,
Voilà le printemps, faites bien attention
Depuis que'que temps autour de ma Julie
J'vois tournoyer Lucas votre garçon
Devant ma porte il repasse et repasse
En sifflotant un p'tit air amoureux
Ben, dit l'papa, que voulez-vous qu'j'y fasse ?
Je lâche mon coq, à vous d'ouvrir les yeux.
Tant qu'il y aura des coqs dans un village
Il y aura des poules à surveiller
Des p'tits oiseaux qui s'envol'ront des cages
Pour écouter le rossignol chanter
Si de l'amour vous craignez les ravages
Dites-vous bien, fermant vos poulaillers,
Tant qu'il y aura des coqs dans un village
Il y aura des poules à surveiller.
Un vent d'amour était dans le village
Ce n'fut bientôt que d'gais cocoricos
Jusqu'aux vieux coqs, sans crête ni plumage
Qui se dressaient fièrement sur leurs ergots
Le pharmacien pinçait la boulangère
L'vétérinaire la grand-mère de l'adjoint
Et l'vieux facteur souriant à la mercière
Malgré son asthme entonnait ce refrain :
{ Au refrain }
Neuf mois après, l'église était pleine
De p'tits poussins fraîchement baptisés
L'bedeau joyeux, secouait sa bedaine
En f'sant sonner la cloche à toute volée
Le brave curé, genre curé chez les riches
En se mettant un brin d'tabac dans l'nez
Disait goguenard, à Poilu son caniche,
J'aurais, vois-tu, beau faire et beau prêcher.
Tant qu'il y aura des coqs dans un village
Il y aura des poules à surveiller
Des p'tits oiseaux qui s'envol'ront des cages
Pour écouter le rossignol chanter
L'amour, l'amour f'ra toujours des ravages
On aura beau fermer les poulaillers
Tant qu'il y aura des coqs dans un village
Il y aura des poules à surveiller.