Vieux Frère
Je suis encore arrivé en retard ce matin.
Comme hier,comme avant-hier,
Comme tous les jours depuis trois semaines.
Il est à peu près 11 heures
Et je dors encore sur mon clavier.
J'ai le nez dans la manche de ma veste pas lavée
Qui dégage une odeur bizarre.
Je fais semblant à un point,
C'est devenu absurde.
Je suis vraiment une imposture.
Et aujourd'hui encore,
Je vais mettre en marche le simulateur de travail
Pour envoyer des bouteilles aux autres vieux frères et aux belles
Qu'est-ce que je fous là ?
Où est-ce que je vais ?
Est-ce que c'est ça va être ça ma vie ?
Rester quarante ans sur les mêmes rails ?
Mais je serai jamais assez fort,
J'aurai jamais les épaules.
J'arrive plus à suivre,
J'ai déjà des points de côté des deux côtés.
Heureusement, ce matin c'est un peu différent.
C'est grâce à ce qu'il s'est passé hier soir,
Quand on était ensemble .
Quand on était ensemble avec les autres vieux frères
Dans les mots,dans les bruits,
Les tambours, les échos et les images.
Et qu'on a avancé, sans baisser la tête,
Qu'on a pu transpirer et crier
Sans contraintes, sans retenue, sans crainte.
C'était impensable de vivre ça,
D'avoir le droit de sortir ce qu'on avait dans nos têtes
Depuis tout ce temps.
Ces choses dont on pensait que tout le monde se foutait.
Ça m'a fait du bien, ça m'a fait du bien.
Parce que c'était vrai, parce que c'était sincère,
Parce que c'était nous, vieux frères !