Dans le cœur de la Louisiane,
John, sous un soleil de plomb,
Travaille près de La Savane
Dans un grand champ de coton.
Il transpire à grosses gouttes.
Il a chaud, il n'en peut plus
Lorsque soudain, sur la route,
Une foule est accourue.
Vers le pauvre John qui tremble,
Margaret lève le doigt.
À la foule qui se rassemble,
Elle a dit : « Il s'est jeté sur moi ! »
Qu'as-tu fait John ? Qu'as-tu fait ?
Il s'est jeté sur une femme blanche.
Qu'as-tu fait John ? Qu'as-tu fait ?
Il avait trop bu dimanche,
Ivre comme un porte-paix.
Qu'as-tu fait John ? Qu'as-tu fait ?
On emmène John au village
À la maison du shérif.
Tous les blancs, hurlant de rage,
Réclament un jugement hâtif.
« C'est un salaud : qu'on le pende !
Pour leur donner une leçon ! »
John gigote sous la branche.
Un frisson, puis c'est fini.
Les hommes blancs, les femmes blanches
Vont se coucher dans la nuit.
Qu'as-tu fait John ? Qu'as-tu fait ?
Faut pas toucher aux femmes blanches.
Qu'as-tu fait John ? Qu'as-tu fait ?
T'as l'air fin au bout de la branche !
T'es pendu et c'est bien fait.
Qu'as-tu fait John ? Qu'as-tu fait ?
Sur la maison qui sommeille,
Margaret frappe à grands coups.
Le shérif qui se réveille
Lui demande : « Que voulez-vous ?
C'est moi qui voulais le nègre,
Dit-elle. Je viens m'accuser.
C'est moi qui aimais le nègre,
Puis John m'a refusée. »
Le shérif est en colère :
« Oh ! Que d'histoires pour un Noir !
Allons, faut pas vous en faire !
Bonsoir, Margaret ! Bonsoir ! »
Qu'as-tu fait John ? Qu'as-tu fait ?
Refuser une femme blanche !
Qu'as-tu fait John ? Qu'as-tu fait ?
Te vv'là pendu à une branche.
Une voix répond dans le vent :
« Il est plus heureux qu'avant...
John est au paradis...
Où les pauvres nègres y prient.
John est maintenant joyeux. »
Il est à la boîte du Bon Dieu...