Il est un jardin
enfoui au creux de ma mémoire,
un jardin bleu dans le matin
où ont poussé des iris noirs.
Un jardin dont j'ai tant rêvé
oh, qu'un jour je puisse y entrer
me reposer à tout jamais
près de la tombe abandonnée
de Laura.
Je saurai le seuil
au bruit de la grille rouillée,
l'endroit du puits sous les tilleuls,
on y buvait des jours d'été,
en écartant les giroflées,
les mousses sombres et glacées,
les scolopendres effrayées,
près de la tombe abandonnée
de Laura.
Oh, je voudrais tant mourir en ce jardin
à l'ombre calme des grands pins
que s'ouvrent enfin les roses
closes
depuis si longtemps.
Il est un jardin
enfoui au creux de ma mémoire,
un jardin bleu quand vient le soir
où ont poussé deux lauriers-tins.
Un jardin où j'ai tant pleuré
oh, qu'un jour je puisse y entrer
me reposer à tout jamais
près de la tombe parfumée
de Clara.
Nous aurons des rires
comme des vols de passereaux,
de grands rires clairs de jeunes filles,
des rires frais comme des ruisseaux,
comme des rires de gens heureux.
Nous réinventerons le temps
des jours où l'on avait le temps
de parler de jardins en fleurs
et des choses du cœur.
~ ~
Oh, je voudrais tant revivre en ce jardin
à l'ombre calme des grands pins
que s'ouvrent enfin les roses
closes
depuis si longtemps,
là.