Dans les poulaillers d'acajou,
Les belles basses-cours à bijoux,
On entend la conversation
D'la volaille qui fait l'opinion.
Qui disent :
"On peut pas être gentils tout le temps,
On peut pas aimer tous les gens.
Y a une sélection c'est normal,
On lit pas tous le même journal.
Mais comprenez-moi ! C'est une migraine,
Tous ces campeurs sous mes persiennes.
Mais comprenez-moi ! C'est dur à voir.
Quels sont ces gens sur mon plongeoir ?"
Dans les poulaillers d'acajou,
Les belles basses-cours à bijoux,
On entend la conversation
D'la volaille qui fait l'opinion.
Ils disent :
"On peut pas aimer tout Paris,
N'est-ce pas y a des endroits la nuit
Où les peaux qui vous font la peau
Sont plus bronzées que nos p'tits poulbots.
Mais comprenez-moi ! La djellaba,
C'est pas ce qui faut sous nos climats.
Mais comprenez-moi ! À Rochechouart,
Y a des taxis qui ont peur du noir."
Dans les poulaillers d'acajou,
Les belles basses-cours à bijoux,
On entend la conversation
D'la volaille qui fait l'opinion.
"Que font ces jeunes, assis par terre,
Habillés comme des traîne-misère?
On dirait qu'ils n'aiment pas le travail,
Ça nous prépare une belle pagaille.
Mais comprenez-moi ! C'est inquiétant.
Nous vivons des temps décadents.
Mais comprenez-moi! Le respect se perd,
Dans les usines de mon grand-père..."
Mais comprenez-moi...
C'est pas c'qui faut sous nos climats...
À Rochechouart, y'a des taxis qu'on peur du noir...
Mais comprenez-moi...
C'est une migraine, tous ces campeurs sous mes persiennes...
Ne croyez pas que je sois borné
Le genre rétrograde avancé :
-(Mais comprenez-moi...)
Je compte parmi les gens que j'aime bien
Un jeune avocat africain!
Mais comprenez-moi...
-N'est-ce pas, cher ami...
-(Cher ami...)
-(Mais comprenez-moi...)
-(Une tasse de thé encore...)
-(Mais comprenez moi...)
-(Votre petite fille elle...)
-(Mais comprenez-moi...)
-(Comprenez-moi..).
-(Comprenez-moi...)
-(Comprenez-moi...)