Je m'avançais, mon âme vide et froide,
Mais d'un pas ferme et apaisé,
Après avoir revêtu ma main droite
Du gant de la main opposée.1
Et les degrés me semblaient innombrables,
Ils n'étaient cependant que trois !
Et le soupir d'automne des érables
Implorait : « Viens, meurs avec moi !
Viens partager mon sort traître et morose,
Mon inconstant destin mauvais ! »
Il paraissait entraîner toute chose,
Et moi aussi, je le suivais.
C'est la chanson du dernier face à face ;
Et dans la maison obscurcie
Palpitaient, de leur flamme jaune et lasse,
Indifférentes, les bougies.
1. Cette image semble avoir suscité la perplexité des commentateurs. Il pourrait s'agit d'une coutume antique consistant à inverser les vêtements du mort (pour éviter qu'il retrouve le chemin et revienne ?) Plus simplement, elle pourrait dénoter le trouble dans l'esprit de l'auteure au moment d'une séparation.