Pardonnez à la troupe
de se montrer si peu raisonnable :
Il faut toujours qu'on parte
quand le printemps fleurit sur la terre.
Et d'un pas mal assuré
on descend l'escalier branlant. Pas de salut pour nous...
Et seules les branches des saules
nous suivent du regard comme des sœurs livides.
Ne croyez pas le temps
quand il déverse des pluies interminables ;
ne croyez pas les fantassins
quand ils entonnent leurs airs martiaux ;
ne croyez pas les rossignols
quand ils poussent leurs cris dans les jardins :
la vie n'a pas encore fini de régler ses comptes avec la mort.
Le temps nous l'a appris :
tu n'es que de passage, la porte est entrouverte...
Homme, mon camarade,
il est quand même bien tentant, ton devoir.
Tu es toujours sur la route,
et seule une question t'arrache à ta rêverie :
pourquoi donc devons-nous partir
alors que le printemps fleurit sur la terre ?
Et vers où partons nous,
alors que le printemps fleurit sur la terre ?