À Vienne il y a dix jeunes filles
Une épaule sur laquelle la mort sanglote
Et un bois de pigeons empaillés
Il y a un fragment du matin
Au musée de givre
Il y a une salle à mille fenêtres
Ah prends cette valse
Cette valse la bouche fermée
Cette valse
De soi, de mort et de cognac
Qui trempe sa queue dans la mer
À Vienne il y a quatre miroirs
Où jouent ta bouche et les échos
Il y a une mort pour piano
Qui peint les jeunes hommes en bleu
Il y a des mendiants sur les toits
Il y a de fraîches guirlandes de larmes
Ah prends cette valse
Cette valse qui meurt dans mes bras
Cette valse...
Parce que je t'aime, je t'aime mon amour
Dans le grenier où jouent les enfants
En rêvant aux vieilles lumières de Hongrie
Dans les rumeurs de la tiède soirée
Voyant des moutons et des lys de neige
Dans le silence obscur de ton front
Ah, prends cette valse
Cette valse qui dit que je t'aime pour toujours
Cette valse...
À Vienne je danserai avec toi
Avec un déguisement
Tête de rivière
Regarde mes berges de jacinthes
Je laisserai ma bouche entre tes jambes
Mon âme en photographies et fleurs de lys
Et dans les ondulations obscures de ta démarche
Mon amour, mon amour, je veux laisser
Violon et tombeau les rubans de la valse
Ah, prends cette valse
Cette valse qui dit que je t'aime pour toujours
Cette valse...
Parce que je t'aime...