Déchire-les, ces vers faits pour toi, mon amour,
Jette-les au néant, à la cendre, qu'importe ;
Que l'averse les noie, que le vent les emporte,
Que les enlève au loin l'ouragan, pour toujours.
Brûle-les, oublie-les, si tu les sais par cœur,
Que le néant retourne au néant, au silence ;
J'imaginais pouvoir dominer ma souffrance
Mais c'est dans mon orgueil que se tient ma grandeur.
Mon rêve, tant de vers déjà l'ont répété,
Tant de gens ont souffert ce que j'ai supporté ;
Ce bruit d'ailes, chacun le connaît à la ronde.
Oui, déchire mes vers ! À quoi bon, pauvre folle ?
Un grand amour vaut-il qu'on l'exalte en paroles,
N'est-il pas, ici-bas, l'amour de tout le monde ?