On s'habitue à tout :
aux colonnes de Buren,
à Duchamp, sa fontaine,
au coup de boule de Zizou,
aux voix dans l'autotune,
à nos villes qu'on enfume,
à nos vilaines toux.
On s'habitue à tout :
voir vieillir ses parents,
voir élus des tyrans,
aux voix qui amadouent,
à se méfier de ce qu'on mange,
à se méfier des gueules d'ange,
à plus se méfier du tout.
On s'habitue à tout,
mais ne plus dire je t'aime,
s'en remet-on quand même ?
Se passe-t-on de mots doux ?
On s'habitue à tout,
mais pour l'amour qui part
les amoureux hagards
s'en remettent au vaudou.
S'en remettent au vaudou.
On s'habitue à tout :
à notre Eldorado,
aux poumons remplis d'eau,
aux urnes remplies de boue,
au 21 avril,
aux réveils difficiles
et à celui du loup.
On s'habitue à tout :
aux bruits de pas du dessus,
à vivre un peu déçu,
à vivre de peu de sous,
à faire un peu l'autruche
sans remettre les bûches,
qui font battre le pouls.
On s'habitue, c'est tout.
À faire sa petite danse
javanaise de l'absence.
Et j'en bave. Pas vous ?
Mais on s'habitue à tout.
On s'habitue à tout,
mais ne plus dire je t'aime,
s'en remet-on quand même ?
Se passe-t-on de mots doux ?
On s'habitue à tout,
mais pour l'amour qui part,
les amoureux hagards,
s'en remettent au vaudou.
S'en remettent au vaudou. (bis)