Quand, bon Monsieur, naquit mon rejeton
Ce n’était pas encore l’heure qu’il surgisse.
Il est déjà né avec une gueule de meurt-de-faim
Et je n’avais même pas de nom à lui donner.
Comment je l’ai couvé ? je saurai pas vous le dire
Je l’ai couvé comme ça pour qu’il me protège
Et dans son enfance un jour il m’a dit
Qu’il réussirait
Regardez-le Regardez-le
Regardez-le,
ai mon gamin, regardez-le
Regardez-le,
c’est mon gamin et il arrive…
Il arrive en sueur et pressé du boulot
Et ramène toujours un cadeau comme pour me gêner
Tant de colliers en or, bon Monsieur
Je ne sais plus où me les mettre au cou
Il m’a rapporté un sac à main avec tout dedans
Clef, carnet, chapelet et panier
Un foulard et un paquet de documents
Pour qu’enfin j’ai mes papiers,
regardez-le :
Regardez-le,
ai mon gamin, regardez-le
Regardez-le,
c’est mon gamin et il arrive…
Il arrive là haut avec un chargement
Gourmette, ciment, montre, pneu, magnéto,
Je prie pour qu'il arrive ici en haut
Cette vague d’agressions est horrible.
Moi je le console, lui il me console,
Je le prend sur les genoux pour qu’il me berce,
Tout d’un coup je me réveille, je regarde autour
Et le coquin est déjà parti travailler,
regardez-le :
Regardez-le,
ai mon gamin, regardez-le
Regardez-le,
c’est mon gamin et il arrive…
Et il arrive imprimé, à la une, photo,
Un bandeau sur les yeux, une note et les initiales
Je comprend pas ces gens là, bon Monsieur,
Ils font toute une histoire.
Le gamin dans un terrain vague, on dirait qu’il sourit
Je le trouve beau, la gueule en l’air,
Depuis le début, je vous l’avais pas dit ? bon Monsieur
Qu’il disait qu’il réussirait
Regardez-le Regardez-le
Regardez-le,
ai mon gamin, regardez-le
Regardez-le,
c’est mon gamin
Regardez-le,
ai mon gamin, regardez-le
Regardez-le,
c’est mon gamin