Tous les matins, au point du jour
Ce vieux coq s’applique à chanter faux
Quant à ce singe, avec ses grandes oreilles et sa petite tête
C’est un vrai casse-pieds !
Antoine est un sacré benêt :
Bilita l’a bien roulé
Cyprien m’a jeté un sort
Mais quand il me voit, il me demande quand même si je vais bien
Mais au fond de mon cœur je porte ma perle de jais1
Pour me protéger, ma perle de jais…
Et voici encore un jour de labeur qui m’attend
Un jour que je passerai à retourner cette terre
Brûlée par le soleil
Et trompée par la pluie.
Face aux commérages
La meilleure réponse est de vivre caché :
Point n’est besoin de coucher les rumeurs sur le papier,
Tous connaissent déjà ta vie par le menu.
Antoine est un vrai benêt :
Bilita l’a bien roulé,
Cyprien m’a jeté un sort,
Il a montré les dents et m’a demandé si j’allais bien.
Mais au fond de mon cœur je porte ma perle de jais,
Pour me protéger, ma perle de jais…
Fonga est là, portant ses seaux d’eau sur la tête,
Armando est toujours à Rui Vaz, en compagnie de la susdite
Quant à Domingas, il y aurait beaucoup de choses à raconter :
Elle n’est pas plutôt sortie du lit qu’elle se répand en lamentations et autres jérémiades !
Tanha est toute à ses cérémonies commémoratives et à ses improvisations chantées,
Et José, ayant frappé sa femme, a perdu à la fois la raison et son bon droit.
1. Le sibitchi (du portugais azeviche, signifiant «jais»), est un pendentif sphérique noir (ou de couleur) semé de points d’une autre couleur que l’on porte traditionnellement autour du cou dans la campagne santiagaise afin de se garantir du mauvais sort.