L'intégration, un mot amer
Un emploi au milieu du ciment,
Des horaires fixes et du fracas dans la tête
Ici, c’est le pays des beaux parleurs
Les hommes, les femmes, les enfants
Font des phrases à toute heure *
Moi, comment j'aurais le cœur à causer ?
Si je réfléchis, j’ai les yeux qui versent mille et une larmes
Moi, faut que j'oublie le soleil, faut que j'oublie la mer et ses eaux claires
Faut que j'oublie l’herbe et la voix séculaire du silence **
Au milieu de la ruelle, et les tambourins napolitains ***
Comment j'aurais le cœur à faire des phrases ?
Ah, quel naufrage, ce Milan sans barque et aussi (bien sûr) sans la mer
Tu te dis "Ce soir, on sort", et sortir où ça ?
Des rues anonymes, des inconnus, des lampadaires au néon
Carmela ma chérie, retournons dans notre niche, tant pis, ici y a rien (à voir)
Allez, tais-toi sans faire de phrases, comment j'aurais le cœur à (en) faire (des phrases) ?
Si je réfléchis, j’ai les yeux qui versent mille et une larmes
Il ne reste que l'amour,
Un amour sans espoir, ancien, éternel
On éteint la lumière, le lit de camp grince dans la nuit froide
Et nous fait passer toutes nos misères
Comment j'aurais le cœur à faire des phrases ?...
Et ce naufrage à Milan
Il a pour nom immigration
Immigration qui veut dire cul-terreux ****
Et cul-terreux qui veut dire fringale
Et fringale, ça veut dire sommeil, ça veut dire les enfants (à nourrir)
Ça veut dire le pays envolé, ça veut dire nostalgie.