Dis-moi fleuve, toi qui sais,
Car je ne le sais pas moi-même,
Combien de douleurs il faut endurer
Avant que n’arrive le désamour enfin.
Dis-le-moi, lancier qui ne m’écoute pas !
Par les monts et les vallées
Étanchant ma soif auprès des saules
Me lavant l’âme dans les fontaines
Mon amour a disparu, parti
En un train de vanités
A la poursuite du monde,
Dans le carrousel des cités
Où la vie est confortable
Où, dit-on, il n'y a plus de solitude
Mais moi, sur mes terres gastes,
Je suis sans illusions…
Et si je devenais nuage blanc
Plutôt que cet être en lambeaux,
Je voudrais, comme l'averse
m’écouler au fil du courant
Et m'en aller ainsi sans souffrance
Sans rien savoir de moi-même.
Aimer comme toi, dans cette rumeur
Aller sans jamais m’arrêter.
Va, fleuve, car il se fait tard
Pour atteindre la part incertaine,
Va dire, va répandre par les collines
Que je tiens ici demeure ouverte.