Le futur surpeuplé me pique les yeux.
Je trouve encore le temps de faire un peu de sport
dans mon uniforme à bandes blanches1
J'ouvre la barrière de ma plage privée
clôturée jusqu'au bord de l'eau2
et j'enfile mon masque à gaz.
Sur ma plage la nuit,
baigné par mon clair de lune.
Encore un pétrolier fracassé,
abandonné les tripes à l'air.
Le sable est jonché de flaques gluantes.
La clarté lunaire fait briller
les vagues et l'eau saturée de pétrole.
Des fumées blanches montent du sol.
Sur ma plage la nuit,
baigné par mon clair de lune.
Mes orteils s'enfoncent dans les poissons morts,
j'essaye de ne pas marcher sur les arêtes.
Je fais demi-tour et je rentre chez moi.
Je me glisse par la porte de la cave
j'éteins toutes les lumières de ma belle propriété
et je me plonge dans ma baignoire en bois naturel.
Une plage rien qu'à moi
sous un clair de lune électrique.
Il restera au moins la lune
au-dessus de Marin.
1. allusion aux joggings à la mode chez les Yuppies des années 802. la loi américaine autorise les propriétaires de plages à clôturer jusqu'à la limite de marée haute.