J'ai besoin d'un ennemi pour trouver la paix
Pour que tout ce qui est absurde trouve un sens
Pour que des étincelles s'échappent derrière moi
Incendie de la haine, briquet noir
J'ai besoin d'un ennemi pour pouvoir vivre
Paisiblement, en sachant qu'il est quelque part, tout près
Pour que le fil de la colère couse les jours ensemble
Pour que le mensonge retentisse comme un obus
J'ai besoin d'un ennemi pour qu'il soit comme moi
Un salaud tourmenté par l'insensibilité
Repoussant les bords des bouteilles
Un enfant qui s'apaise de vieillesse
J'ai besoin d'un ennemi pour être moi-même
Quand je serre l'amour dans mes bras
En cherchant d'une main tremblante et ensanglantée
Les secrets des chateaux dans la soie des plis d'une robe
Il viendra et se plantera face à moi
En regardant de mes yeux perçants
Que le reflet de la lune fait briller
D'une lueur tout juste exagérée par les larmes
Le duvet de peuplier des instants sera brûlé
Par la fureur qui éclate tout à coup comme un feu d'artifices
Et les enfers déferleront
Dans des bonnets d'ânes pour que le mal éclate de rire
Le fer des poings se couvrira de rouille
Mettant à l'épreuve l'entêtement des visages de granit
Et la colère sortira de la folie des rivages
Et l'ivrognerie montera sur le trône de la haine
Et en regardant celui qui est tombé dans le vide
Dans les oublis d'une défaite douloureuse
Je ne verrai que moi, allongé sur le sol,
Et implorant pour le miracle d'une résurrection