À soixante à l'heure et coincé sur la voie des poids lourds,
Du temps où j'avais du temps plein les poches.
À bord d'une coccinelle dont malgré mon amour,
Mes ruses et ma foi, la fin était proche.
J'ai parcouru longtemps des bourgs, des villes, des cantons,
Emportant pour fortune ma confiance.
Avec pour tout bagage, ma guitare et mes chansons,
La soif de vivre pour seule exigence.
Il y avait des ombres aimables que je devinais dans le noir.
Des amis, des complices de surcroît.
J'avais choisi la route à suivre et ils m'ont donné de l'espoir,
Une place à leur table, un lit sous leur toit.
Quand les seuls à croire en mes chansons étaient eux et moi.
Les applaudissements du soir m'ont aidé le matin,
À chercher d'autres studios, d'autres boîtes.
Ils m'ont aidé dans les antichambres à rester serein,
En écoutant les excuses adroites.
Ils m'ont permis en ces jours-là de garder ma fierté,
Dans les auditions, les démarches vaines.
Et si toutes les portes allaient se fermer à mon nez,
Le soir, ils m'attendraient sur une scène.
Il y avait des ombres aimables que je devinais dans le noir...
Si le vent a tourné en ma faveur, si là-dessus
Bien des choses ont changé en cours de route.
Tous les spots, tous les flashs, n'ont jamais pu troubler ma vue,
Les compliments n'ont pas rayé mes doutes.
Et s'il fait bon tout simplement d'être à l'abri du froid,
Je n'ai jamais oublié dans l'histoire
Que c'est à vous que je le dois, mes amis d'autrefois.
Et vous êtes précieux à ma mémoire !
Il y avait des ombres aimables que je devinais dans le noir...
Quand les seuls à croire en mes chansons étaient eux et moi.