La première minute s'écoulait.
Nous dansons, probablement,
Oh, que j'étais confus,
Que la timidité se peignait sur son visage.
J'exultais en silence,
J'étais proche de la folie,
Personne au monde ne savait
Quel secret je portais.
Et si elle avait déjà deviné quelque chose,
Cela faisait de nombreuses journées que je vivais en rêvant
Que je l'inviterais à danser.
Et voilà que je sentais le tissus de son gilet sur ses hanches,
Et le tonnerre de mon cœur a commencé à me briser les côtes.
Ce slow...
Le slow des silhouettes,
Le piétinement des semelles molles,
Les notes flottent doucement
Et donnent naissance dans l'air à un frémissement muet.
Sur le bout du nez, de la poussière d'étoiles,
La vaste salle tournoie,
Les ombres bougent leurs angles
Sur le contour d'un jeune visage.
Un couple n'est plus en rythme,
Personne ne remarque leur fuite,
Le lointain bal de promo
Est imprégné de la chaleur de juin.
Aie juste confiance, sans rechigner,
Que tu trouveras cette foutue porte.
Et le duel trépidant
Passera pour la première fois le mur du son.
En une seconde la respiration s'est embrouillée,
Ils regardent le sol,
L'écriture italique de ses cils
A fait scintiller ses tempes.
On ne peut pas être juste prêt,
Mais c'est désarmé que conduit
Cette porte secrète qui ouvre
Juste sur l'extérieur, c'est tout.
Les années volent exprès,
En changeant tout en un mythe décoloré,
Mais pas cette profonde vétille
Entre deux jeunes gens.
Cet instant est comme un couteau affilé,
Laisse-lui ne serait-ce que cinq minutes,
Et il laissera dans la vie des cœurs
Une bosselure extraterrestre.
Ce slow...
Le pouls s'accélère,
Le cœur bat en convulsions,
Que cela dure
Tant que les étoiles brillent,
Toute la nuit, toute la nuit, toute la nuit.
Mais même une minutes dans ses bras
Semble une éternité.
Pris dans les filets,
Sur moi grimpe comme une araignée une peur primitive.
Il y a une étincelle entre nous et nous tournons dans la danse,
Comme des papillons autour d'un feu.
C'est étrange, mais c'est comme s'il n'y avait pas une âme autour,
Pas de musique, il n'y a que toi,
En moi les langues des flammes
Vont et viennent en brûlant les capillaires.
Les mains moites, plaquées sur sa taille,
Elles s'envolent au loin, au loin, au loin.
Oh, ce slow.
Il ne restera en mémoire que cet instant,
Après avoir tout effacé de ma tête, mais au loin
Le cadran de l'horloge de l'école s'étale
En pastel, comme un Dali.
Et tu es si proche de moi,
Et moi, pris de trac, je tombe
Comme une pierre, et toi aussi tu sembles avoir le souffle coupé.
Le parquet de l'école, et ma paire de baskets
Brûlent d'une flamme vive.
Et en pensée, je te tiens déjà la main dans le parc.
Ce slow...