Pourquoi faut-il se souvenir ?
Pourquoi faut-il que la nuit rallume la mémoire,
que le silence parle si fort,
que le moindre coup de téléphone me fasse courir,
courir, comme si ma vie était suspendue à ce fil
qui ne me relie plus à rien,
qui ne me relie qu’au passé,
qui ne me relie qu’à ta vie ?
Les oiseaux ont quitté la terre
et les hommes sont en enfer.
Le soleil est un astre mort
et moi, je vis encore.
Plus un arbre, plus une fleur,
le printemps revient par erreur.
Les avions ne s’envolent plus,
mais la vie continue.
Moi, je marche dans ce désert
vagabond de la nuit.
Les oiseaux ont quitté la terre,
tu es partie.
Ma chambre est comme un cinéma
où tu passes en flash-back permanent sur un écran géant,
où ton sourire se transforme en rire,
où ton corps sans arrêt danse, danse
un ballet d’amour et de mort
funambule, léger sur le fil de ma vie
qui ne me relie qu’au passé,
qui ne me relie qu’à ta vie.
Les oiseaux ont quitté la terre
et les hommes sont en enfer.
Toi, tu crois que je suis vivant,
mais non, je fais semblant.
Comme à Saint-Malo en novembre,
quand on est sous la pluie,
je suis là tout seul à t’attendre.
Tu es partie.
Je deviens fou,
tu es partout.