Quand tout dort sur la ville et que brille
Cette gueule en or, la lune,
Quand j'éteins du chevet la lumière,
Que je retrouve la nuit familière,
Quand je fume la dernière cigarette,
Que je ferme doucement ma fenêtre
Et que, dans le sommeil, je me glisse
Pour rêver aux plus belles délices...
Les oiseaux de Paris
Me réveillent, la nuit,
Par leurs chants et leurs cris.
Ils font bien plus de bruit
Que les autos,
Les oiseaux.
Chaque soir, à minuit,
Dans mon île Saint-Louis,
Tout le monde les maudit
Mais moi, je les trouve gentils,
Les oiseaux de Paris.
Vous croyez peut-être qu'ils ont entre eux
D'innocents bavardages.
Non, Mesdames, l'amour, ils ont joyeux.
Ah ! Quel beau tapage.
Je ne dors plus la nuit.
Je me remue dans mon lit
Et je rêve, c'est inouï,
Que je suis un oiseau de Paris.
J'ai quitté Paris pour ma province.
Les affaires, les affaires étaient bien trop minces.
Je vis loin, très loin, dans un village.
Je m'occupe de pêche et de jardinage.
Ce matin, en ouvrant ma fenêtre,
C'était l'hiver tranquille et champêtre.
Le soleil cascadait dans les branches
Mais les bois étaient en robe blanche.
Un oiseau de Paris
est venu cette nuit
Est venu faire son nid
Dans l'hôtel où je suis.
Il fait bien plus de bruit
Que les autos,
Cet oiseau.
Chaque soir, je lui dis :
« Si tu vas à Paris,
Dis bonjour aux amis.
Dis bonjour à la Seine,
Au bois de Vincennes.
Va revoir ma chambre, sous les toits,
D'où l'on voit les étoiles.
Porte à tous de bonnes nouvelles de moi.
Dis-leur : « Il reviendra. »
Pose-toi dans le ciel,
En haut de la Tour Eiffel,
Au printemps qui sourit
Et chante avec tous les oiseaux de Paris. »
Pose-toi dans le ciel,
En haut de la Tour Eiffel,
Au printemps qui sourit
Et chante avec tous les oiseaux de Paris.