Faudrait pouvoir jeter
Tous les mannequins d'osier
Du haut d'un grand pont.
Ces fantômes oubliés,
Ces ombres du passé
Qui nous espionnent.
Faudrait pouvoir brûler
Les visages adorés
De notre enfance.
Marcher d'un pas léger
Vers le soleil qui vient,
En insouciance,
Et les regarder passer
Sur la rivière gelée !
Faudrait pouvoir jeter
Tous les mannequins d'osier
Du haut d'un grand pont.
Comme les poupées cassées,
Les pierrots abîmés
De la mémoire...
Faudrait pouvoir rayer
Les prénoms murmurés
Dans sa jeunesse,
Et savoir oublier
Les yeux et les baisers
De la tendresse,
Et les regarder passer
Sur la rivière gelée !
Et les regarder passer
Sur la rivière gelée !
Et les regarder passer...
Et les regarder passer
Sur la rivière gelée !