On m’appelait le vélo d’hiver
J’en ai vu des marmots
Des messieurs, des dames et des vélos
Sur la piste ovale sous ma verrière
J’en ai vu des costauds
Des boxeurs, la Piaf, Yvette Horner
On m’appelait le Vélo d’hiver
Et d’été en hiver
On s’amusait sous ma verrière
Vrai de vrai je me rappelle
Comme si c’était hier
Des plus belles heures sous ma verrière
L’air de rien du haut des gradins
Ça lançait des « hourras »
Les pauvres en haut et les riches en bas
Il y avait même de l’herbe verte
Au milieu de tout ça
Et le Tout-Paris vibrait en moi
On m’appelait le Vélo d’hiver
C’était avant la guerre
Les plus belles heures sous ma verrière
Vrai de vrai je me rappelle
Et puis ils arrivèrent
Les uniformes, les revolvers
On m’appelait le Vélo d’hiver
J’en ai vu des marmots
S’amuser quand même dans les flaques d’eau
Sur la piste ovale sous ma verrière
J’en ai vu des vieillots
Mourir comme des chiens sur le dos
On m’appelait le vélo d’hiver
C’était le plein juillet
Ils enfermèrent sous ma verrière
Vrai de vrai je me rappelle
Des familles entières
Qu’ils déportèrent, vers l’enfer