Je lavais, je lavais dans le fleuve
J’étais glacée, j’étais glacée de froid
En allant jusqu’au fleuve pour laver,
Je passais affamée, je passais
Pleurant, moi aussi pleurant
De voir ma mère pleurer.
Je chantais, je chantais aussi
Je rêvais, je rêvais aussi
Et dans ma fantaisie
Il y avait tant de choses fantaisistes
Que j’en oubliais de pleurer
Que j’en oubliais de souffrir.
Je ne vais plus laver au bord du fleuve
Mais je continue de rêver.
Je ne rêve plus comme j’ai pu rêver
Je ne vais plus laver au bord du fleuve
Parce que ce froid me glace aujourd’hui
Bien plus qu’il ne me glaçait autrefois.
Ah ! ma mère, ma mère
Que de regrets j’ai de ce bien !
Et de ce mal que je connaissais alors,
De cette faim que j’endurais
De ce froid qui me glaçais,
Et de toutes mes fantaisies.
Aujourd’hui je n’ai plus faim, ma mère,
Mais le désir aussi bien a disparu
De ne plus avoir faim.
Maintenant nous ne savons plus rêver
Et si nous allons de l’avant, ce n’est
Que pour tromper le désir de mourir.