Tu as changé la couleur de ta jupe
Et les boutons de ton chemisier,
Tu as fait semblant d’avoir les genoux aussi tordus que Djulai
Afin que je ne te reconnaisse pas quand tu passes devant moi
Tu as froncé ton nez et altéré le timbre de ta voix,
Tu t’es déformé le gros orteil,
Tu t’es efforcée de te faire passer pour une borgne,
Et tu as enfilé tes sandales écrase-merde chacune sur le mauvais pied
Mais malgré tout, je reste accroché à toi, jeune fille
Tout contre toi, hé hé hé…
Tu t’es mise à hanter une autre vallée,
Et à n’emprunter que des chemins détournés
Pour me fuir, tu as marché dans la bouse de vache
et le chien du fermier t’a mordu les fesses,
Tu as cherché un autre compagnon afin de m’éloigner,
Tu m’as donné des volées de bois vert,
Tu m’as mis le nez dans de la crotte de chat
Et tu m’as servi un bouillon d’ailes de criquet…
Mais malgré tout, je reste toujours accroché à toi, jeune fille,
Tout contre toi, hé hé hé…
Mais malgré tout, je reste toujours accroché à toi,
À tes aisselles, aux sept orifices de ta tête,
Et je m’accroche aussi à chacun de tes pas.
Je suis accroché à tes aisselles et aux sept orifices de ta tête,
Et je m’accroche aussi à chacun de tes pas.
Tu as enlevé les tuiles de ton toit pour y couler une dalle en béton,
Tu as carrelé le sol de ta salle à manger,
Tu as lissé et ciré l’ensemble de ta maison afin de me faire tomber
Pour que je me casse le cou
Tu as ouvert une échoppe au grand-marché aux vêtements,
Le brigand qui s’en est occupé a pris la poudre d’escampette,
Tu t’es acheté une jolie petite voiture pimpante à souhait,
Et je n’ai pas encore compris avec quel argent tu as bien pu payer tout ça
Mais malgré tout, je reste toujours accroché à toi, jeune fille,
Tout contre toi, hé hé hé…
Tu as pris un billet d’avion pour aller à Bissao,
Afin de m’y ensorceler avec la collaboration d’un démon local,
Tu es montée sur le rocher noir et as pactisé
Avec le diable pour te débarrasser de moi une fois pour toutes,
Mais tes sortilèges se sont retournés contre toi et tu as perdu la tête :
Tu t’es jetée sur moi et ta main s’est posée sur mes hanches,
Tu savais désormais que j’étais un dur à cuire,
Et finalement tu as collé tes lèvres aux miennes.
Et maintenant me voici accroché à toi pour de bon,
Tout contre toi, hé hé hé…
Mais malgré tout, je reste toujours accroché à toi,
À tes aisselles…