Il part fou de joie
avec son chargement
pour la ville, oui,
pour la ville.
Il porte dans sa pensée
tout un monde
plein de bonheur, oui,
de bonheur.
Il pense remédier à la situation
du foyer qui est toute son désir.
Et heureux, le petit paysan (2) s’en va
en chantant ainsi,
en disant ainsi,
en riant ainsi, sur le chemin
“si je vends mon chargement
mon dieu chéri
une robe à ma petite vielle
j’achèterai”
Et sa mule aussi s’en va contente
en pressentant que ce chant
est tout un hymne de bonheur.
Ainsi, les surprend
la lumière du jour,
et ils arrivent au marché de la ville.
Tout le matin passe
sans que personne ne veuille
acheter son chargement, ah,
acheter son chargement.
Tout, tout est désert
le village est mort
de nécessité, oui,
de nécessité.
On entend les plaintes de tous côtés
de la malheureuse Boriquén(1), oui .
Et triste le petit paysan s’en va
chantant ainsi,
pleurant ainsi,
disant ainsi sur le chemin :
Que deviendra Borinquén
mon dieu chéri
Que deviendront mes fils
et mon foyer
Borinquén, la terre d’Eden
celle qu’en chantant le grand Gautier
appela la perle des mers
maintenant que tu te meurs
avec tes peines
laisse moi te chanter
moi aussi.