THÉNARDIER:
Oui, monsieur, bon monsieur,
Vous venez nous enlever Cosette;
Ce diamant, ce saphir
Qui éclaire nos vies de son sourire.
Ne parlons pas de dette,
Ne marchandons pas notre chère Cosette.
Pauvre Fantine, de là-haut
Tu sais que pour elle rien n'était trop beau.
On a tout partagé,
Tout comme si elle était notre enfant,
Notre enfant, monsieur!
VALJEAN:
Vos bons sentiments vous honorent,
Je vais mettre du baume sur vos plaies.
Oui, cessons là ces marchandages qui nous font honte.
Voilà, dites-moi, y a-t-il le compte?
MADAME THÉNARDIER:
Ça irait largement,
Si elle était pas malade si souvent.
Les potions coûtaient cher,
Sans compter l'angoisse, le désespoir.
Mais monsieur, on l'adore:
Bon chrétien fait d'abord son devoir.
MONSIEUR ET MADAME THÉNARDIER:
Un détail, un dernier:
Dans un monde plein de gens malhonnêtes,
Qui nous dit, qui nous prouve
Que vous intentions sont bien correctes?
VALJEAN:
Prenez ça pour le service:
Quinze cent francs pour vos sacrifices.
Viens Cosette, dis adieu;
Ton enfance t'attend sous d'autres cieux.
Et vous deux, comptez bien,
Ça vous fera vite passer votre chagrin.