Tout comme je traversais l'avenue,
Quelqu'un s'est cogné dans ma vue
Et qui m'a dit à brûle-pourpoint :
« Vous connaissiez la p'tite Marie,
Si jeune, et surtout si jolie ?
Ben, elle est morte depuis ce matin... »
« Mais comment ça ? C'est effroyable ! »
« C'est pire que ça : c'est incroyable ! »
« Hier encore... et aujourd'hui... »
« Eh oui, voilà... Tous est fini... »
Alors là, j'ai pensé à nous,
Aux petites histoires de rien du tout,
Aux choses qui prennent des proportions
Rien que dans notre imagination.
C'est pas grand chose, un grand amour.
Ah non, vraiment, ça ne pèse pas lourd.
Pour peu qu'on se quitte sur une dispute
Et que la fierté entre dans la lutte,
Qu'on s'en aille chacun de son côté,
R'garde un peu ce qui peut t'arriver...
Je la revois, la p'tite Marie.
Mon Dieu, comme elle était jolie.
Y a des coups vraiment malheureux.
Elle avait tout pour être heureuse.
Bien sûr, elle est pas malheureuse...
Mais lui qui reste, ça c'est affreux.
Qu'est-ce qu'il va faire de ses journées
Et de toutes ses nuits, et de ses années ?
Hier encore... et aujourd'hui...
Leur belle histoire, elle est finie.
Alors là, moi, je pense à nous,
Aux p'tites histoires de rien du tout,
Aux choses qui prennent des proportions
Rien que dans notre imagination.
Comment t'ai-je quitté ce matin ?
On a voulu faire les malins.
On s'est quittés sur une dispute
Et on a joué à cur qui lutte,
Alors t'es parti de ton côté.
Pourvu qu'il n'te soit rien arrivé...
Mon Dieu, ayez pitié de moi.
Demandez-moi n'importe quoi,
Mais lui, surtout, laissez-le moi...
Oh, mon chéri, tu étais là...
Je parlais seule, comme tu le vois...
Mon amour, prends-moi dans tes bras.
Non... ne dis rien... C'est ça, tais-toi.
Tu te souviens d' la p'tite Marie ?
La gosse qui aimait tant la vie...
Ben, elle est morte depuis ce matin.
Oui, comme tu dis, c'est effroyable...
C'est pire que ça, c'est incroyable...
Serre-moi plus fort tout contre toi...
Chéri... Comme je suis bien dans tes bras