Voilà le temps de partir
Sans avoir personne où aller.
Je sais pas quoi construire,
Mais pas d'envie, c'est pas de regrets.
Voilà le temps de vomir
Sur cet amas de gueules en biais
À qui je sais plus quoi sourire,
À qui je sais plus quoi causer.
On en a bien parlé, de l'époque,
Et de ces enfants qui savent plus aimer,
Mais comme faut bien vider les stocks
La logistique fait des bébés.
La niaise voudrait pas virer conne
Ça tient en peu de subtilité.
Il parait qu'à trop croire en l'homme
Y en a quelques-unes qui se font baiser.
Prends tes carnets et puis deviens
Tout ce que t'as jamais supporté
Écris l'angoisse et le chagrin,
Personne ne meurt sans se vider.
On s'est dit, faut partir de rien
Et puis se faire tout seul,
Avec du vide plein les mains.
Tu l'imagines, ma petite gueule ?
Le sourire paumé en chemin
Parce que ça plait plus à personne,
Quand la gosse se change en chien
Et que le chien grogne.
On en bien parlé, de la foi,
Celle qu'on met là où on peut,
Mais quand y a de la place pour une croix,
Y a des chances que ça sonne creux.
Vous me direz : « Il te reste ta guitare,
Ton amour, c'est ta musique ».
Moi je vous dis que c'est mon désespoir :
Une vieille fille alcoolique
Qui demande à me voir tous les soirs,
À m'inspecter les tripes.
Elle prend ce qu'elle veut et elle se marre
À le trainer en public.
Ça devait être de ces chansons
Où le bout d'espoir se pointe à la fin,
Qui vous laisse pas sauter du pont
Sans harnais ni coussin.