Quand viendra la vieille charrette,
Faire un tour dans notre pays,
Je dirai au cocher : "Arrête !
Y'a quelqu'un pour toi ici.
Viens, accours, il faut faire vite,
Emporter le vieux chiffonnier.
Il est mort, prends le tout de suite,
Dans ses peilles entortillé."
Sur la lande, lande-rirette,
Sur la lande, lande, on rira.
Sur la lande, lande-rirette,
Sur la lande, lande, on rira.
Il était le mari de Maryvonne.
Il venait, je crois, de Loqueffret.
Après trois jours, il abandonne,
Il abandonne la pauvrette.
Il avait des tas de camarades
Pour faire la foire à Landerneau.
Avec eux, y's'rendait malade,
En buvant aut'chose que de l'eau.
Sur la lande, lande-rirette,
Sur la lande, lande, on rira.
Sur la lande, lande-rirette,
Sur la lande, landes, on rira.
Il avait la main bien trop leste,
Quand il sortait du cabaret.
Pareil à une sauvage beste,
La Maryvonne il battait.
Elle venait alors, toute en larmes,
Prendre, chez moi, un bol de café.
Avec trois ou quatre gendarmes,
Vite, chez elle, on la ramenait.
Sur la lande, lande-rirette,
Sur la lande, lande, on rira.
Sur la lande, lande-rirette,
Sur la lande, lande, on rira.
On a vu sortir des lumières
De son toit, pour la Chandeleur,
Et voler vers le cimetière
Pour se joindre à d'autres lueurs.
On prétend aussi que le Diable
Lui rendait visite chaque nuit,
Qu'il entrait, nu, dans une étable
Pour se joindre à d'autres esprits.
Sur la lande, lande-rirette,
Sur la lande, lande, on rira.
Sur la lande, lande-rirette,
Sur la lande, lande, on rira.
Fossoyeur, couvre bien de terre
La dépouille du chiffonnier !
Le curé lui chante une prière,
Moi, j'épouse sa moitié.
Moi, j'marie, j'marie Maryvonne
Depuis tant de temps, qu'je l'aimais.
A présent, la vie sera bonne
Puisqu'est mort le vieux chiffonnier !
Sur la lande, lande en goguette,
Sur la lande, lande, on dira
Qu'il est mort d'une pierre sur la tête,
Lancée par qui ? Ben... pas par moi !