Si je ne croyais pas en la folie
de la gorge de l'oiseau moqueur,
si je ne croyais pas que sur le mont
se cachent les trilles et la peur.
Si je ne croyais pas en la balance,
à la raison de l'équilibre,
si je ne croyais pas au délire,
si je ne croyais pas à l'espoir.
Si je ne croyais pas en ce que je fais,
si je ne croyais pas en mon chemin,
si je ne croyais pas en ma voix,
si je ne croyais pas en mon silence.
Qu'en serait-il ?
Que serait la masse sans la carrière ?
Un amas fait de cordes et de tendons,
un fouillis de chair et de bois,
un instrument sans autre prétention
que les petits projecteurs de la scène.
Qu'en serait-il, mon cœur, qu'en serait-il ?
Que serait la masse sans la carrière ?
Une créature du traître des applaudissements,
un vieux serviteur en habits neufs,
un perpétueur* des dieux du crépuscule,
une joie de chiffons et paillettes.
Qu'en serait-il, mon cœur, qu'en serait-il ?
Que serait la masse sans la carrière ?
Si je ne croyais pas en ce qui est le plus rude,
si je ne croyais pas au désir,
si je ne croyais pas en ce que je crois,
Si je ne croyais pas en quelque chose de pur.
Si je ne croyais pas en chaque blessure,
si je ne croyais pas en ce qui fait avancer,
si je ne croyais pas en ce qui est caché,
devenir un frère de la vie
Si je ne croyais pas en qui m'écoute,
Si je ne croyais pas en ce qui fait mal,
Si je ne croyais pas en ce qui reste,
Si je ne croyais pas en celui qui lutte.
Qu'en serait-il ?
Que serait la masse sans la carrière ?
Un amas fait de cordes et tendons,
un fouillis de chair et de bois,
un instrument sans autre prétention
que les petits projecteurs de la scène.
Qu'en serait-il, mon cœur, qu'en serait-il ?
Que serait la masse sans la carrière ?