Devant le miroir, Marie Honnête
Se met sa tenue du Dimanche
pendant que de loin, joue l’orchestre
L’attend le promis
Sur la piste de danse, où le magnolia
Entendra comment, tout doucement et avec émotion,
Sans la caresse d’un baiser
Ils se diront adieu pour toujours.
Ils sont si pauvres et pour gagner de l’argent,
Lui, demain même
S’en va aux Amériques.
Jean Travail, en haut de l’énorme paquebot
fait route par la mer immense vers son rêve.
Et si la nostalgie lui emplit le cœur,
L’image de son amour lui fait signe à l’horizon...
Toujours vers l’horizon !
Mais Jean Travail ne fit pas fortune !
Peut-être il n’est pas trop vif, peut-être trop honnête
Il ne se libéra pas de la pauvreté.
Seul, fatigué et triste
De tant chercher de trésors sans les trouver,
Il pensa au retour mais peureux
Que les siens
Ne sache pas l’aimer à nouveau...
Et ce fut ainsi que Jean Travail
Sans aucun argent
Revint des Amériques
Mais tout me monde l’accueillit avec les bras ouverts
Et il retrouva l’amour qu’il délaissait.
Ils furent riches de hasards et de tendresses
Et les dieux ajoutèrent des années pour rendre leur destin plus long...
Leur destin plus long !
Il est passé beaucoup de temps, mais le grand magnolia
Ombrage encore l’endroit où avant,
On y faisait bal chaque Dimanche.
Et aux amoureux
Qui s’y promènent au couchant
Il leur arrive l’écho pas très éloigné
D’un bal qui peut-être
Joue l’Orchestre Lyre
Et le rire clair de ceux qui, dans le cœur,
Surent trouver
Le trésor des Amériques.