Le savez-vous, Républicains,
Quel sort était celui du nègre ?
Qu’à son rang, parmi les humains
Un sage décret réintègre;
Il était esclave en naissant,
Puni de mort, pour un seul geste
On vendait jusqu’à son enfant.
Le sucre était teint de son sang,
Daignez m’épargner tout le reste.
Daignez m’épargner tout le reste.
De vrais bourreaux, altérés d’or,
Promettant d’alléger ses chaînes,
Faisaient, pour les serrer encor,
Des tentatives inhumaines.
Mais, contre leurs complots pervers,
C’est la nature qui proteste
Et deux peuples, brisant leurs fers,
Ont, malgré la distance des mers,
Fini par s’entendre de reste.
Fini par s’entendre de reste.
Tendez vos arcs, nègres marrons,
Nous portons la flamme à nos mèches,
Comme elle part de nos canons,
Que la mort vole avec vos flèches.
Si des royalistes impurs,
Chez nous, chez vous, portent la peste,
Vous dans vos bois, nous dans nos murs,
Cernons ces ennemis obscurs,
Et nous en détruirons le reste !
Et nous en détruirons le reste !
Quand dans votre sol échauffé,
Il leur a semblé bon de naître,
La canne à sucre et le café
N’ont choisi ni gérant, ni maître.
Cette mine est dans votre champ,
Nul aujourd’hui ne le conteste,
Plus vous peinez en l’exploitant,
Plus il est juste, assurément,
Que le produit net vous en reste.
Que le produit net vous en reste
Américains, l’égalité
Vous proclame aujourd’hui nos frères
Vous aviez à la liberté
Les mêmes droits héréditaires.
Vous êtes noirs, mais le bon sens
Repousse un préjugé funeste…
Seriez-vous moins intéressants,
Aux yeux des républicains blancs ?
La couleur tombe, et l’homme reste !
La couleur tombe, et l’homme reste !