Je marche depuis une heure, dans les rues à pas lent
Rien ne presse, un rebours du monde
Le jour s’étiole, le ciel est pêche comme le crépis des murs
Les commerçants rentrent leurs boutiques, ils en abaissent les rideaux
Et dehors on sent poindre la fièvre, encore là languis mais éveillée déjà
Prête à s’emparer des corps sur le qui-vive de la nuit
Il y a sur les terrasses un parfum étourdi de brulure, d’ivresse, la musique d’un soir latin
J’ai faim, j’ai faim de pâtes, d’olives, de copeaux de parmesans, de citron, de basilic
J’ai soif, j’ai soif de vin, d’amour, d’aventure
Je m’assois, et je pense à mes contradictions, à mes inconnus, à mes rares certitudes
Je me dis que jamais, jamais je me quitte
C’est toujours mes yeux, ma bouche, mon nez, mes mains
Pas celles, pas celles d’un autre
C’est encore ma gueule
Il y a juste à en sourire
Et d’un coup là, bah j’ai envie qu’on me saisisse, qu’on m’emmène, qu’on m’embarque, qu’on m’embrasse
Et j’ai envie d’aller danser, et de marcher encore, de regarder la ville s’obscurcir
Et de naitre à nouveau sous ses lueurs d’appoint
Il y a a nouveau le déclin du ciel, son aquarelle, l’appétit du soir, la légèreté de la saison chaude
C’est vrai putain, la légèreté c’est du sérieux
Ta gueule
Bon