Elle ressemble à quoi, cette plaine (du Pô) *
À partir de six heures du soir ?
À un brouillard qui se serait formé
Dans un verre d’eau et d’anis — ah pardi !
La radio l’a encore répété aujourd’hui, et c’est vrai,
Il est plus d’une heure du matin
Et j’ai l’impression d’être seul
Car tu ne me dis rien.
Tu t’es endormie
Dès que tu es montée dans la voiture
Après le bal, le dimanche soir,
— Toujours la même histoire.
Et c’est à moi qu’il revient de te ramener
Jusqu’à chez toi et les kilomètres
Semblent n'en plus finir, pourquoi ?
La route est grise, et grise la lumière
Et Broni, Casteggio et Voghera *
Sont du même gris, avec juste
Un feu rouge qui clignote dans l'air.
(C'est) dans le coeur de la cité de Stradella *
Dans le coeur de cette ville qu'ont vu le jour
Toutes les harmoniques de cette plaine
Où il y a toujours quelqu'un qui les joue comme ça.
Le moteur tourne au minimum et j'entends
Ces notes qui passent dans l'air
Je te regarde qui dors
Et tu m'as l'air différente
Tellement différente, je sais bien.
Aux doux sons de l’accordéon
Tu m’as l’air encore plus belle
— Encore plus belle que tu n'es.
Et j’aime être celui
Qui te conduit
Dans la nuit
Durant toute la nuit
Comme cette nuit-ci
Et comme ça pour toujours.