Ils disent que ça sent mauvais autour de mon usine ?
Je conteste ! Je dis non !
L'expert n'a rien senti, lui.
Alors ils ont dit qu'il avait de la sinusite.
Oh, quelle mauvaise foi ! Ça n'a pas de nom !
Ah, je les retiens, mes voisins.
Quand je pense à leurs HLM,
où il y a toujours quelqu'un
qui a un chou-fleur à faire cuire...
Non, ils veulent m'emmerder, c'est tout.
Ces gens-là sont tous les mêmes :
j'ai réussi, alors ils peuvent pas me sentir, c'est tout.
'peuvent pas me sentir !
Tenez : j'habite Avenue Mozart,
premier étage, au-dessus d'un fleuriste.
Y a des jours où ça sent très fort le mimosa.
Est-ce que j'en fais un plat, moi ?
Est-ce que j'envoie des pétitions aux ministres ?
Mais non ! Je prends la voiture,
je vais faire un tour au bois.
La semaine dernière, j'y suis allé, à l'usine.
Je suis resté devant la porte un bon quart d'heure.
Aucun malaise. Peut-être un léger mal de tête, mais quoi :
avec deux aspirines, pfuit ! Envolé ! En douceur !
Mais rien n'arrête la calomnie.
Du coup mes ouvriers décrètent
qu'ils ne veulent plus mettre leurs masques à gaz,
que ça les complexe d'avoir tous la même tête,
que ça les déprime, que ça les déphase.
Y a plus d'oiseaux, plus de mouches
à trois kilomètres à la ronde. Ben et alors ?
Est-ce qu'on a besoin de mouches pour travailler ?
On veut des mouches maintenant ?
Et pourquoi pas des chaises longues,
et des rafraîchissements,
des attractions pendant qu'on y est !
Que je me reconvertisse, au fond, voilà leur rêve.
Alors que mon produit est de première nécessité.
Sans lui, finie la bonne, la saine, la franche gaîté française.
Oh mais ça va, j'ai compris : ils sont payés par l’Étranger !
Mais je ne cèderai pas,
je tiendrai bon dans la tourmente.
J'appellerai la police, l'armée, la marine, l'aviation,
les pompiers, le contre-espionnage,
et sous leur protection
je les fabriquerai
mes boules puantes !