Debout sur la plage
un pistolet dans ma main
je regarde sans les voir
la mer, le sable
et, au bout du canon,
l'Arabe sur le sol.
Je peux voir sa bouche ouverte
mais je n'entends rien.
Je vis.
Je suis mort.
Je suis l'étranger
et je tue un Arabe.
Je peux me détourner
et m'en aller
ou je peux tirer.
Je regarde sans les voir
le ciel et le soleil.
Quel que soit mon choix
ça revient au même :
absolument rien.
Je vis.
Je suis mort.
Je suis l'étranger
et je tue un Arabe.
Je sens la crosse d'acier qui tressaute
lisse dans ma main.
Je regarde sans les voir
la mer et le sable.
Je regarde sans la voir mon image
reflétée dans les yeux
de l'homme mort sur la plage.
L'homme mort sur la plage.
Je vis.
Je suis mort.
Je suis l'étranger
et je tue un Arabe.