J'ai écrit d'après ce qu'on m'a dit
la vie du boucher de Saint-Goazec 1
qui avait l'habitude d'affûter ses couteaux
sur les murs de sa maison.
Pour couper la parole aux imbéciles
avec l'envie de leur trancher le cou,
et de trancher ses cheveux, avec les poux et les lentes,
à son maudit banquier, j'en ai peur.
Ses cheveux!
J'ai toujours entendu dire ça!
Ses cheveux, cheveux, cheveux!
Il lui faut gagner une poignée de sous
au marché du poil et de la viande.
Ce type débauché arrive à la fin de la semaine,
tanquillement, sans fatigue.
(Je le dis) tout à trac, clair et net,
toujours la main en l'air,
avec ses copains, rire et farniente,
un seau d'eau pour neuf vaches 2
Neuf!
J'ai toujours entendu dire ça!
Neuf, neuf, neuf!
Il avait engagé un brin de conversation
avec un journaliste réputé,
et ils avaient couché sur le papier
sa vie si hautement bénie.
Et des gens vinrent de toutes parts, en hâte --
Enfin du secours, de l'aide --
Pour condamner son maudit banquier,
Et hop!
J'ai toujours entendu dire ça!
Et hop, hop, hop!
1. Commune du Finistère, proche de Spézet.2. Le sens de cette expression, que je ne retrouve pas dans la littérature spécialisée, me reste assez obscur. Sans doute: très peu d'eau pour chacun, donc beaucoup d'une autre boisson.