Je t’aime par les chemins noirs
comme ceux-là qui n’ont demeure
Et qui marchent toute la nuit
toute part à se dépenser
J’inscris ton nom sur tous les murs
qu’avec moi mon amour ne meurt
Qu’ils soient mémoire à mon murmure
et preuve par où j’ai passé
Où j’ai perdu mon ombre humaine
où j’ai mêlé vivre et mes rêves
Où j’ai pris ta main dans ma paume
et croisé tes pas de mes pas
Tant qu’enfin le temps qui se lève
ainsi qu’un parfum parachève
L’aube de nous dont la merveille
est que nous ne la verrons pas
Je t’aime au-delà de mon âme
au-delà des soirs et des jours
M’entends-tu quand je dis je t’aime
à l’enlacer, à t’en lasser
Je suis la faim que rien ne comble
et la soif que rien ne secourt
Et pas un instant de ma chair
assez ne l’aura caressée
Je t’aime au-delà d’être un homme
au-delà de toucher et voir
Au-delà des mots qui me font
au profond du cœur ce grand bruit
Au-delà même du vertige
où tes yeux m’étaient seuls miroirs
Je t’aime au-delà de moi-même
où même t’aimer me détruit
Je t’aime comme d’épouvante
et comme de mon ventre ouvert
Je ne suis que le cri terrible
où tu t’éloignes de ma plaie
L’arrachement de ta présence
et le péril de ton désert
Ô toi, mon éternel partir
toujours de moi qui t’en allais