Je peux vous raconter l’histoire
Celle de mes quatre saisons
Afin d’en faire une chanson
Une chanson très provisoire.
Les jeunes d’un maigre matin
Me tenaient au cœur et au ventre
Et moi j’étais adolescente
Je voulais manger – j’avais faim.
Et puis j’ai apprécié la vie
Que l’on appelle encore l’amour
Ou bien mieux « le bonheur du jour »
Lorsqu’on joue la comédie.
C’était mensonge de l’été
Les uns me disaient « ma chérie »
Bel été de la perfidie
« Chérie »… ahah. Je pouvais rigoler.
Quand mes cheveux roux de l’automne
Ont succédé à l’or des blés
J’ai médité sur mon passé
Avant que noël carillonne.
Les beaux amoureux mortifiés
Ici ou là, rien ne pardonne
Se rejoignaient à la dragonne
Pour revenir me tirer les pieds.
Maintenant comme fleur flétrie
Je penche ma tête vers l’eau
Et le vent courbe les roseaux
Où se prennent les Orphélies
Mains jointes sur mon cœur glacé
Selon la mode des gisantes
J’ai froid, j’ai faim, et l’hiver vente
Un peu de bonté s’il vous plaît.