. . J'ai tant rêvé de toi que tu perds la réalité.
. . Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère ?
. . J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués, en étreignant ton ombre, à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.
. . Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute.
. . Ô balances sentimentales.
. . J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l'amour de toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venus.
. . J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu'il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu'à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l'ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie.
***
J'ai tant rêvé de toi
que tu perds la réalité
Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant
. . . . et de baiser sur cette bouche la naissance
. . . . de la voix qui m'est chère.
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre
. . . . à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas
. . . . au contour de ton corps peut-être.
Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante
. . . . et me gouverne depuis des jours et des années
Je deviendrais une ombre sans doute,
Ô balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute
. . . . que je m'éveille. Je dors debout le corps exposé à
. . . . toutes les apparences de la vie et de l'amour et
. . . . que toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi,
. . . . je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres
que les premières lèvres et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi
tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu'il ne me
. . . . reste plus peut-être, et pourtant, qu'à être
. . . . fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois
. . . . que l'ombre qui se promène et se promènera
. . . . allègrement sur le cadran solaire de ta vie.
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Texte et disposition conformes au volume n° 16
des "Poètes d'aujourd'hui" consacré à Robert Desnos,
paru chez Pierre Seghers, Éditeur, en février 1960
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