Le départ vers mon île est prévu pour ce soir,
Le chariot en bois de noisetier t’attend à l’entrée,
Ramène des habits chauds et ne sois pas en retard,
Car des chiens-policiers pourraient arriver.
Ne t’inquiète pas, le cocher est mort
Tout comme les chevaux et le chariot...
On fuit sans témoins pour je ne sais pas quel port,
Dans mon île cassée à cinq extrémités.
Ne t’inquiète pas, le cocher est mort,
Tout comme les chevaux et le chariot.
Là-bas on aura des enfants monstrueux,
Des laquais métalliques et boueux vont ricaner,
Et nous diront des nouvelles des ancêtres et des aïeux,
Tic-tac le télégraphe des cadavres trempés.
On tournera trois films en couleurs, de mauvais œil,
Et on les enverra dans le monde, un par un...
Les mettant dans chaque œil, comme dans des bouteilles,
Et gardant le dernier œil pour la maison.
On tournera trois films en couleurs, de mauvais œil,
Et on les enverra dans le monde, un par un.
Ne t’inquiète pas, on sera en plein été,
On sera en plein hiver, quelle étrange affaire,
Inutile d’avoir peur quand tu vas monter,
Comme mort le chariot va te sembler.
Tout n’est qu’une illusion, c’est moi au-delà
Je t’attends avec des torches quatre mille six cent….
En vain tu angoisses que la neige n’arrête pas,
Et que les gardes de la route carbonisent muettement.
Tout n’est qu’une illusion, c’est moi au-delà,
Je t’attends avec des torches quatre mille six cent.
Allez, viens, monte et dis-moi quelques mots,
Le cocher est mort, il a sang de béquille,
Je t’attends sans témoins pour venir dans mon île,
J’ai des habits en bois de noisetier, je suis presqu’un chariot.
Et si tu ne vois pas le visage que j’ai trouvé,
Sache que, dans mon île, je suis, cependant,
La butte de la tombe la plus récente,
Lève le pied et marche dessus, bien aimée!
Et voilà tout. On part dans la soirée,
Le fantôme du chariot attend à l’entrée.