Il suffit de passer le pont,
C'est tout de suite l'aventure !
Laisse-moi tenir ton jupon,
J't'emmène visiter la nature !
L'herbe est douce à Pâques fleuries...
Jetons mes sabots, tes galoches,
Et, légers comme des cabris,
Courons après les sons de cloches !
Ding din don ! les matines sonnent
En l'honneur de notre bonheur,
Ding din don ! faut l'dire à personne :
J'ai graissé la patte au sonneur.
Laisse-moi tenir ton jupon,
Courons, guilleret, guillerette,
Il suffit de passer le pont
Et c'est le royaume des fleurettes...
Entre toutes les belles que voici,
Je devine celle que tu préfères...
C'est pas l'coquelicot, Dieu merci !
Ni l'coucou, mais la primevère.
J'en vois une blottie sous les feuilles,
Elle est en velours comme tes joues.
Fais le guet pendant qu'je la cueille :
«Je n'ai jamais aimé que vous !»
Il suffit de trois petits bonds,
C'est tout de suit' la tarantelle,
Laisse-moi tenir ton jupon,
J'saurai ménager tes dentelles...
J'ai graissé la patte au berger
Pour lui fair' jouer une aubade.
Lors, ma mie, sans croire au danger,
Faisons mille et une gambades,
Ton pied frappe et frappe la mousse...
Si l'chardon s'y pique dedans,
Ne pleure pas, ma mie qui souffre :
Je te l'enlève avec les dents !
On n'a plus rien à se cacher,
On peut s'aimer comm' bon nous semble,
Et tant mieux si c'est un péché :
Nous irons en enfer ensemble !
Il suffit de passer le pont
Laisse-moi tenir ton jupon.
Il suffit de passer le pont
Laisse-moi tenir ton jupon.