Ma fille, ma chérie, pitié, pitié !
ne te jette pas à la mer,
car la mer est démontée
fais attention, car elle va t’empoter.
Qu’elle m’emporte et qu’elle m’engloutisse, pitié, pitié !
Sept brasses de profondeur,
que m’engloutisse un poisson noir
pour me sauver de l’amour.
Ma fille, ma chérie, pitié, pitié !
ne t’en va pas laver
à la fontaine d’eau froide,
où un cavalier
donne de l’eau à son cheval,
fais attention, car il va t’emporter.
Qu’il m’emporte et qu’il m’engloutisse, pitié, pitié !
dans le romarin en fleur
car ma maison est très petite
et n’y entre jamais le soleil ;
dans ces murs froids,
j’ai perdu, mère, mon teint.
S’il m’emporte, c’est parce que je veux, pitié, pitié !
dans la mer je vais rester
de mon corps je ferai une barque
la voile est accompagnée d’un filet,
de mes bras je ferai des rames,
car dans l’obscurité, il y a la lumière.