J'ai marché sur la mousse
À tes pieds nus, mon frère
J'ai senti les secousses
Elles montaient, singulières
Une sieste contre toi
Adossé à l'écorce
De mes maigres dix doigts
J'ai puisé de ta force
Dans les ombres et les nuits
Les orages et la neige
Sous les trombes de pluie
Quand la chaleur fait siège
Quelles que soient les couleurs
Les saisons, les contours
De la sève à tes fleurs
Tu poursuis sans détour
Et tu restes
Tu relis comme un cercle
De tes bois terre à ciel
Et tu donnes à la lune
Des allures de chapelle
Tu as vu ce qui dure
Ce qui est, ce qui passe
Les craquements, les fêlures
La vie sous la surface
Où s'éclairent les abris
Silencieux de l'automne
Et la toile argentée de la nuit mycélium
Les longs ballets de geais
Sous les feuilles qui dansent
Tout là-haut vers les cimes
Le balancement des branches
Et tu restes
Amusé, je contemple
Les ballanons qui dansent
Et pourvu que les hommes
Sourient à l'évidence
Car le temps sablier
À rebours de nos villes
Avec toi retrouver
Le tracé des aiguilles
Et tu restes
Debout
Et tu restes
Et tu restes