Seule, usée, débraillée*
je l’ai vue cette aube sortir d’un cabaret
maigre, deux empans de nuque**
et un cintre dans le décolleté sous la pomme d’Adam
Tordue,vêtue comme une jeune fille
teinte et exhibant sa nudité.
Elle ressemblait à un coq déplumée
montrant crânement sa peau grêlée
moi, qui sait quand je n’y puis plus tenir
a la voir ainsi je m’enfuis pour ne pas pleurer.
Et dire : qu’il y a dix ans elle fut ma folie,
que je parvins à la trahison pour sa beauté
que ce qui est aujourd’hui un débris
fut le doux enflammement pour lequel je perdis l’honneur,
que cinglé ***par sa beauté
J’ai laissé ma mère sans pain
je suis devenu misérable et escroc****,
que je me retrouva sans un ami, que je vécus de malveillance
qu’elle me mit à genoux, sans moral,
devenu mendiant quand elle s’en alla.
Jamais je ne pensais que je la verrai
dans un requiem aussi cruel que celui d’aujourd’hui
regarde ! C’est pour ne pas me suicider
que pour ce pauvre « truc » ****je suis ce que je suis
Cruelle vengeance que celle du temps
qui fait voir de près ce que l’on aima;
cette rencontre m’a fait si mal
que si j’y pense plus, je finis empoisonné,
cette nuit je me saoule bien
je me bourre la g….e, bien bourré, pour ne pas y penser.